Il y a quelques décennies que l'Italie traverse une période économique difficile, principalement en raison de la considérable dette accumulée depuis les années soixante-dix et quatre-vingt. Bien sûr, en raison de la récente crise économique mondiale, la situation a empiré. La précarité, le chômage, les licenciements, les familles en difficulté sont désormais une expérience quotidienne pour des millions d'Italiens.
La crise financière qui a frappé
la dette souveraine et la Grèce en premier lieu a inévitablement accéléré le calendrier
pour le redressement des finances publiques dans tous les grands pays. Déficits
et dettes publiques ont considérablement augmenté dans la dernière année. Le
souci de la durabilité de la dette souveraine est donc parvenu aux marchés
financiers internationaux.
Il y a eu deux mois de tension
pour les obligations du gouvernement italien, avec le spread toujours en équilibre instable sur le
seuil de 500 points. L'écart entre les
obligations du Trésor italien de dix ans et l'équivalent Bunds allemands a été
le véritable protagoniste de la scène économique, mais aussi de la politique.
Comme en Grèce, en Italie la
crise financière a eu des conséquences politiques importantes. Le Premier
ministre Silvio Berlusconi a annoncé sa démission le 12 novembre, après
l'adoption rapide de la Loi de Stabilité, qui contient, en plus des mesures
financières approuvées par étapes au cours de l'été, le soi-disant
«maxi-amendement», qui semble répondre uniquement en partie aux exigences
européennes.
Le 13 novembre 2011, à peine
nommé sénateur à vie par le président de la République italienne Giorgio
Napolitano, Mario Monti, économiste,
universitaire et homme politique italien, est pressenti pour succéder à Silvio
Berlusconi au poste de président du Conseil des ministres et former un gouvernement
de techniciens. Monti prête serment le 16 novembre 2011, avec les membres de
son gouvernement, au palais du Quirinal.
Les défis auxquels fait face le
nouveau gouvernement sont très difficiles:
- Nouvelles mesures correctives
sur le déficit
- Mesures extraordinaires pour
réduire la montagne de dettes
- Réformes structurelles pour
augmenter la faible croissance potentielle
Le décret «Sauver l’Italie »: une première étape !
Le président du Conseil, Mario
Monti, a présenté le 4 décembre la manœuvre financière appelée « Décret Sauver l’Italie ». L'opération agit sur une période de
plusieurs années. Ce plan est composé de mesures de réduction du déficit
d’environ 21 milliards d’euros, pour atteindre l’équilibre budgétaire en 2013,
et de mesures de relance d’un montant de plus de 10 milliards.
Les points critiques sont essentiellement
deux: 1) le risque d'importants effets
de contraction en 2012, ce qui pourrait nécessiter de nouvelles mesures
correctives pour atteindre l'objectif d'équilibrer le budget en 2013; 2) le
fait qu'on a agi principalement du côté des recettes, plutôt que réaliser une
réduction "structurelle" des dépenses, sauf pour la composante des
pensions.
En tout cas, le décret se compose de trois
parties: la consolidation et le redressement budgétaire à travers des mesures
de rigueur, des reformes de retraites et des mesures pour relancer l’économie.
1) Le
redressement des finances publiques : Mesures de rigueur !
- Augmentation de la fiscalité sur l’immobilier
avec la réintroduction de la taxe sur la résidence principale abolie en 2008
- Taxe (contribution supplémentaire de 1, 5%) sur
les biens cachés à l’étranger et régularisés dans le cadre de l’amnistie
fiscale adoptée par le gouvernement Berlusconi ainsi que sur les actifs
financiers détenus à l’étranger (au total, en considérant toutes les amnisties
depuis 2001,le montant imposable serait de 182 milliards d'euros)
- Taxe sur les produits de luxe (voitures de
grosse cylindrée, yachts, avions)
- Nouvelle hausse de la TVA de deux points à 23%
“si nécessaire” à partir de septembre 2012 et de la taxation sur les carburants
(ces deux éléments devrait produire un total de 7 milliards d'euros)
- Nouvelles réductions des dépenses des
collectivités locales
- Lutte contre l’évasion fiscale avec
l’interdiction d’utiliser du liquide pour les paiements dépassant 1.000 euros.
2) Reformes de retraites :
- Augmentation du nombre d’années de cotisation à
41 ans et un mois pour les femmes et 42 ans et un mois pour les hommes contre
40 ans actuellement
- Relèvement de l’âge de départ des femmes
travaillant dans le privé à 62 ans en 2012 et 66 ans en 2018, pour l’aligner
sur celui des hommes, contre 60 ans actuellement
- Gel de
l’indexation sur l’inflation en 2012 et 2013 des retraites supérieures à 1.400
euros par mois (trois fois la retraite minimum)
- Taxe exceptionnelle sur les retraites
supérieures à 200.000 euros par an.
3) Mesures
pour relancer l’économie :
- Réduction des charges sociales pour les
entreprises embauchant en particulier des femmes et des jeunes
- Mesures destinées à favoriser la capitalisation
des entreprises, à garantir les prêts pour les PME ou le refinancement des
banques
- Crédits d’impôt pour les travaux de rénovation
et ceux visant à économiser de l’énergie
- Incitation à la participation du secteur privé
dans le financement des chantiers d’infrastructures, simplification des
procédures
- Libéralisation des horaires d’ouverture des
commerces et liberté d'ouvrir des
magasins supplémentaires sans restrictions
- Le gouvernement a en revanche fait machine
arrière sur des mesures de libéralisation concernant les taxis ou les
pharmacies (déréglementation des professions, des opérateurs au détail des
magasins et de carburant).
La loi de finances affecte l’année
2012 pour 20 milliard d'euros, c’est-à-dire 1, 3% du PIB ; l'impact restrictif sur la croissance
économique peut être évaluée -0,4% pour l'année prochaine. Surtout, la restriction
de l'impôt en 2012 va s’ajouter à celle déjà prévue dans la loi de finances du 2010
et dans les précédents décrets de cette année. La restriction totale sur
l'impôt en 2012 est alors égale à 3,6% du PIB (avec effet sur la croissance
de -1,6%). Les mesures adoptées n’affecteront pas seulement la croissance économique du Pays
mais aussi l'inflation par des hausses de prix en matière de TVA ainsi que de
la taxe d'accise.